L'estampe de Hiroshige présente Shinbashi en 1840.
C'est de là qu'en 1872 partira la première ligne de chemin de fer japonais et qu'en 1914 une gare moderne sera construite
Mais le 1er septembre à 11h58 la région de Tokyo est victime d'un tremblement de terre de magnitude 7.9.
La gare de Shimbashi sera complètement détruite par le feu comme on le voit ci-dessous :
Le Grand Tremblement de terre du Kanto
320 000 habitations (62% de la ville) seront détruites, essentiellement par incendie.
A l'heure du séisme (11h58), les habitants étaient nombreux à préparer le repas ce qui explique le déferlement des incendies, accéléré par un vent violent et un air sec dus au passage d'un typhon la veille.
110 500 personnes perdront la vie dont 92 000 par le feu, soit directement soit ébouillantées dans les rivières de la ville dans lesquelles elles s'étaient réfugiées pour échapper aux flammes.
Un fait peu connu : le massacre des Coréens
Le lendemain du séisme une rumeur se répand dans la ville dévastée : des Coréens ont fomenté des émeutes dans un but de pillage, ils ont assassiné des Japonais et ont empoisonné les puits : 6644 personnes auraient été ainsi massacrées par des milices d'autodéfense spontanées assistées de la Police et de l'Armée.
La photo ci-dessous montre une milice munie de batons en bambous et encadrée par un policier.
De nombreux Coréens ont été massacrés avec des couteaux et des lances en bambou.
"Je crois qu'il était midi le 3 septembre 1923. Le groupe d'autodéfense a attaché les Coréens en groupes sous le pont Yotsugi et les a tués. Ils les ont coupés avec des épées japonaises d'une manière vraiment brutale. Ils les ont tués en les poignardant avec des lances en bambou et les frappant avec des barres de fer. Il y avait des femmes enceintes avec un gros ventre, mais ils les ont juste poignardées à mort. Ils ont probablement tué environ 30 personnes. " (Témoin M. Aoki)
L’armée japonaise était complice du massacre. "J'ai tué 22 à 23 Coréens avec une mitrailleuse sur la berge en aval du pont Yotsugi. Je les ai tous tués en un instant. Il y avait aussi deux ou trois femmes. C'était terrible.'' (Témoin M. Okawa)
Le gouvernement japonais n'a jamais admis son implication dans le massacre ou dans la dissimulation de l'incident.
En septembre 1982, la Société pour les fouilles et la commémoration des restes des Coréens massacrés lors du grand tremblement de terre de Kanto a commencé à fouiller des restes près de la rivière Arakawa, où des témoins indiquaient la présence de charniers.
Cependant,mais aucun reste n'a été trouvé. Un article de journal déclarant que la police avait déplacé et caché les restes en novembre 1923 a été découvert l'année suivante, en 1983...
L'incident de Furutamura : des Japonais aussi, victimes des massacres
Cette semaine sort au cinéma un film sur le massacre de Furutamura (banlieue nord est de Tokyo- actuellement Noda) où le 6 septembre, un groupe d'autodéfense de villageois assisté de policiers a assassiné 9 personnes (5 hommes, 2 femmes enceintes et 2 enfants de 4 et 6ans) dans un groupe de colporteurs vendant des herbes médicinales. Ces personnes venaient de Kagawa (ouest du Japon) et ont été confondues avec des Coréens : "Votre langue est bizarre" N'êtes vous pas Coréens ?""Ce ne sont pas des Japonais".
L'évènement n'a été mis à jour qu'en 1979 à l'instigation d'habitants de Kagawa. Et en juin 2023, le maire de Noda a pour la première fois présenté ses excuses aux familles des victimes...
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