Le XVIIème siècle c'est aussi l'émergence d'une nouvelle forme d'art le Théâtre Kabuki, qui reste encore aujourd'hui un spectacle très populaire.
L'estampe de Kunichika présente Ichimura Uzaemon XIII, qui descend de Ichimura Uzaemon I (1605-1652) qui peut être considéré comme le premier acteur de Kabuki moderne.
L'origine du mot Kabuki remonte à 1603, au moment même où les Tokugawa prennent le pouvoir.
Une danseuse Okuni danse à Kyoto une danse nommée "Kabuki Odori", signifiant "Danse Excentrique", présentant des costumes flashy et des formes insolites.
Le mot Kabuki vient du verbe Kabuku (傾く) signifiant "être peu orthodoxe, avant-gardiste". Par la magie des idéogrammes, l'écriture du mot Kabuki évoluera pour s'écrire avec trois idéogrammes qui signifient : chant (歌, ka), danse (舞, bu) et habileté technique (伎, ki)
Ce premier spectacle "Le Salon de thé" représente une femme aux allures de prostituée qui y emmène ses clients.
Le spectacle obtient un tel succès qu'il devient célèbre dans tout le Japon, si bien qu'en 1607, Okuni le jouera à Edo (Tokyo). Les attitudes suggestives du spectacle attireront des prostituées, et progressivement le spectacle devient une opportunité de racolage. Le spectacle prendra le nom de Yujo Kabuki (Kabuki des prostituées).
Des rixes se produisent souvent entre spectateurs pour obtenir les faveurs de ces dames et en 1629, le Shogun dans sa quête de stabilité sociale et son souci des bonnes mœurs interdira aux femmes d'être actrices de Kabuki. Ce seront donc des hommes (c'est encore le cas aujourd'hui) qui assureront le rôles de femmes.
Ce théâtre par son côté extravagant, l'accompagnement musical, les exercices acrobatiques, son aspect souvent comique va croitre en popularité auprès des nobles, des samourais et des gens du peuple.
En 1634, Ichimura Uzaemon crée le premier théâtre "fixe" de Kabuki à Edo et "fonde" la lignée Uzaemon.
Dans les premières pièces de Kabuki du début du XVIIème siècle on trouve la légende "Vengance à Hakone" présentée dans l'estampe de Kunisada.
Mais aussi des représentations guerrières comme dans l' estampe de Kunisada
ou plus tranquilles comme celle de Kunichika
Les incendies des théâtres jalonneront la vie du Kabuki au XVIIème siècle : en 1641 un premier incendie détruit le Ichimiruyaza, suivi d'un autre en 1657, puis 1660, 1661, 1676, 1679, 1683 et 1698.
Un précédent blog décrivant l'histoire récente du Kabukiza montre la précarité des bâtiments japonais.
Et en 1664, la première pièce divisée en "actes" est créée "La revanche du banni": elle décrit la vie d'un jeune homme obligé de se déguiser en mendiant pour découvrir l'assassin de son père.
Ce découpage en actes devient (et reste) le standard des pièces de Kabuki.
Le développement du Kabuki se fera parallèlement au renforcement de l'ordre moral.
En 1648, l'utilisation de la soie (trop aguicheuse) est interdite dans les costumes de Kabuki, après l'interdiction en 1629 d'acteurs féminins.
Encore aujourd'hui aucune femme n'est présente sur les scènes de Kabuki.
En 1664 pour garantir la moralité, le Shogun interdit les représentations de Kabuki dans les quartiers des plaisirs.
Bien culturel immatériel important (désigné le 20 avril 1965 par le Gouvernement japonais), le Kabuki a été inscrit en 2009 par l'Unesco au patrimoine mondial immatériel de l'humanité.
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