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Le Tokaido (11) Shimada

Dernière mise à jour : 5 déc. 2023

Deux estampes, l'une de Hiroshige et l'autre de Kunitsuna II montrent la traversée à gué de la rivière Oigawa, au pied du relais de Shimada, le 23ème du Tokaido






En effet, le Shogun avait interdit la construction de ponts sur cette rivière, pour empêcher d'éventuels opposants de l'ouest du Japon de se regrouper et d'attaquer la ville de Edo, à l'Est.

Il avait également interdit l'exploitation de bacs.


On ne pouvait donc traverser la rivière que de 3 façons : à pied, sur les épaules d'un porteur ou sur un palanquin porté par plusieurs personnes, ce que montrent les estampes.


Le passage à pied étant dangereux pour les voyageurs, ceux-ci faisaient appel à des porteurs "Ninsoku"(littéralement : personne à pied/fantassin).


La localisation de Shimada est représentée par le point rouge.




Shimada aujourd'hui

La photo actuelle montre bien la rivière d'une largeur de plus de 1km.

Le point A indique la localisation du relais. Certains bâtiments (auberges pour voyageurs et lieux d'attente pour les Ninsoku) ont été restaurés.




Une anecdote : la bureaucratie japonaise en action au XVIIème siècle

En 1603 quand le shogun interdit les ponts et les bacs, les frais de traversées étaient discutés librement entre les porteurs et les voyageurs, créant une situation confuse déplaisant aux autorités (les porteurs passaient par les points plus profonds de la rivière pour augmenter leurs revenus). .


En 1665, est mis en place un système (Kawagoe) de tarification.

Un "Syndic" nommé par les autorités est chargé de fixer le tarif de traversée. Chaque matin il vérifie la profondeur de la rivière et répartit de manière équitable (concept important pour la bureaucratie japonaise) le travail entre Ninsoku.


De droite à gauche, les tarifs du "ticket" de la traversée (sur les épaules du porteur) augmentent en fonction de la profondeur de la rivière : 48, 52 , 68, 78, 94 Mon.

A l'époque le salaire quotidien d'un ouvrier est de 120 Mon et 1,8 litres de sake coutaient 88 Mon.

Les Japonais étant adeptes de la précision, des pictogrammes indiquent les conditions de chaque niveau de prix.


Le prix le plus élevé correspond à une profondeur de 4 pieds et 6 pouces (1 pied = 30,3cm, 1 pouce = 0,1 pied) soit 124cm.


Ce prix correspond à un portage sur les épaules du porteur : comme il y a également un assistant qui accompagne le porteur, il faut payer deux tickets.




En fonction de la taille du palanquin, le nombre de "tickets" nécessaires va de 6 (pour un palanquin "de base" genre échelle horizontale pour un voyageur) à 52 pour 4 voyageurs dans un palanquin de luxe porté par 10 personnes.

Les voyageurs donnent les tickets aux Ninsoku (comme dans les manèges pour enfants) qui les transforment en fin de journée en argent liquide.


Palanquin "de base" type échelle porté horizontalement


Palanquin "de luxe"


En 1870, on compte 650 porteurs de chaque côté de la rivière.

A cette date, la traversée par bateaux a été autorisée, et le premier pont a été construit en 1879, entraînant la disparition du système.


Pendant les périodes de crues, la traversée était impossible, et les voyageurs attendaient dans les auberges du relais.

L'interruption la plus longue a été 28 jours en 1868.

Un dicton affirmait "on s'amuse plus à Shimada qu'à Edo", et on raconte que certains ont fait faillite pendant cette période et sont restés à Shimada.





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